La distance est installée d’emblée avec les tendances esthétiques résolument élégantes et souvent mièvres de certaines formes de danses qui abordent les différentes thématiques en tenant à respecter des critères d’harmonie. Comme toute autre expression artistique, la danse peut s’offrir le privilège de montrer le désarroi, la terreur, la violence sans faux-semblant et c’est sur cette voie que la pièce nous entraîne. La dramaturgie de ce solo exécuté dans un carré de sable de 4 mètres sur quatre est basée sur le mythe d’Icare et structurée en trois parties : le labyrinthe, le vol et la chute. C’est une laborieuse recherche de liberté entravée par le sol de sable dont l’instabilité contraint le danseur à rétablir en vain un équilibre qui se dérobe à chaque fois. Visuellement cette exploration produit une succession de sauts et de chutes sur une musique au rythme intense et soutenu, elle se poursuit par des mouvements de bras et une quête d’aplomb constamment compromise sur un fond sonore envahit par des cuivres, et s’achève enfin par un tournoiement halluciné et frénétique que le danseur accomplit en projetant du sable autour de lui. L’impression ultime est celle d’un trouble vertigineux, tourbillonnant et sans fin.