Présentation
Cette vaste production avec neuf interprètes est dédiée aux couleurs que le titre révèle par un procédé mnémothechnique en anglais pour en mémoriser l’ordre dans le spectre lumineux : Red, Orange, Yellow, Green, Blue, Indigo, Violet.
Cette fois, même la thématique permet à Thierry Smits de se concentrer sur la forme, sans abandonner pour autant ses sujets de prédilection : le sexe, le désir et la violence qui se trouvent explorés au travers des différences chromatiques. Lesquelles correspondent donc à sept séquences, soutenues par des jeux de lumières qui reprennent leur nuance respective. Chaque partie conçoit une perception du corps différente soit qu’il évolue seul, soit qu’il se trouve inclus dans des mouvements d’ensemble recherchant harmonie et synchronisation au travers des rythmes produits par un groupe jouant avec des instruments de musique classique. Parmi les artistes un comédien déclame tout en participant pleinement à la danse alors que les autres interprètes, qui exécutent parfois des prestations de type acrobatiques au cours desquelles les membres semblent se disloquer, se risquent aussi à chanter et à réciter du texte. L’éclectisme étrange et fascinant de la pièce résulte aussi de l’implication personnelle de tous les artistes sur le plateau qui ont pu soumettre des improvisations néanmoins mises en scène avec rigueur.
Théâtre, musique et danse se combinent, s’associent, se complètent ou se bousculent au service du propos pour une performance totale dans laquelle la chorégraphie reste malgré tout le maître du jeu avec les couleurs : le rouge y est synonyme de brutalité, d’exaltation et de crime ; l’orange évoque l’énergie, le mouvement, la circulation et l’interactivité ; le jaune appelle la souffrance et la déraison ; le vert suggère l’opposition entre organisation et structure d’une part, désagrégation et dislocation de l’autre, jusqu’à l’atrocité et l’horreur ; le bleu convoque des impressions d’espace insondable, de fluidité, d’immuabilité ; l’indigo permet de trouver une forme de sérénité et de paix alors que le violet fait basculer à nouveau dans la violence et l’irrationalité de certaines formes de pouvoir.
La performance au final ne suit pas d’autre logique que celle, éminemment intuitive, qui associe des sentiments aux couleurs pour un résultat où la perfection formelle de certains tableaux provoque stupeur et éblouissement.
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