Présentation
«Toumaï», qui signifie «Espoir de vie» dans la langue gorane parlée au Sahara central, fait référence aux enfants nés pendant la saison sèche quand la survie est la plus aléatoire. C’est aussi le surnom donné aux restes fossiles d’un primate retrouvé au Tchad, potentiel chaînon manquant de l’évolution vers le genre humain, trait d’union symbolique qui nous relie à l’ensemble de la vie sur Terre.
La création puise son inspiration dans le registre de la dystopie. Humour, tragédie et poésie sont convoqués pour élaborer des visions contrastées, sortes d’hallucinations, esquissant une humanité à venir en situation de post effondrement bio-climatique. Elles en tressent les corps déboussolés, les imaginaires en plein déni, les pulsions violentes, les mémoires assourdies de fureurs productivistes et les oublis des combats écoféministes. Ce sombre tableau laisse peu de place à l’espérance, hormis dans quelques images fugaces que l’on retient au passage en fonction de nos capacités respectives à rester optimistes.
Porté par une distribution lumineuse et articulé autour d’un énigmatique container noir, lui-même chorégraphié, « Toumaï » transcrit en situations plastiques, sonores, incarnées et radicales, notre futur possible entre catastrophe et résilience.
Les corps traversés de désirs et animés par l’espoir de vie cherchent des moyens de résoudre les questions de transition ou d’adaptation auxquelles ils sont inéluctablement soumis et les visions décrivent les différentes voies qu’ils explorent sans en privilégier aucune.
En cinq parties, le spectacle interroge le consumérisme et l’extractivisme débridés. Comment les corps vont-ils réagir si ce mode de vie auquel ils sont habitués et dont ils se repaissent devait s’arrêter ? Sans doute seront-ils d’abord affectés par la perte de leurs acquis, et puis… ? Vont-ils se remettre en cause, établir des stratégies plus ou moins solidaires de survie ?
Des créations sonores basées sur des sons industriels directement extraits des chaînes de production et de distribution ponctuent et déchirent ces paysages hallucinés interrompus de « noirs ». Des voix-off fusent également et scandent leurs convictions ; ce sont celles, minorisées, qui depuis un demi-siècle alertent, luttent et proposent des alternatives. Face à l’inconséquence généralisée, elles tentent de réaffirmer l’interconnexion et les valeurs fondamentales qui nous lient.